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BIOGRAPHIE

BERNARD CAVANNA

L'univers musical de Bernard Cavanna est strictement le sien, iconoclaste, éclectique, volontiers provocateur et souvent d'une violence en totale opposition à sa douceur naturelle. Il cultive le contraste mêlant une écriture savante aux résurgences populaires, exploitant le tonal comme le dissonant, opposant le cru à la subtilité harmonique, et passant d'une fine recherche timbrale à des rudoiements sonores. Ses compositions peuvent bercer ou secouer, marquer ou heurter, elles restent fermement empreintes d'une urgence intérieure qui laisse déceler une attention portée en profondeur au plus infime détail technique en fonction du regard intense qu'il porte sur l'éclat ou le dilemme humain à la racine de son inspiration.

 

Créateur autodidacte et inclassable, c’est sur les conseils d’Henri Dutilleux puis avec l’aide de Paul Méfano et de Georges Aperghis que Bernard Cavanna se destine à la composition ; mais son influence principale demeure la musique et la pensée du compositeur roumain Aurèle Stroë, dont il réalisera en 2000 avec Laurence Pietrzak un portrait filmé en forme d’hommage. Il invoque également, sur le ton de la boutade, les figures tutélaires de Bernd Alois Zimmermannl’érudition comme collage inquiet ») et de Nino Rotale Weill latinisé », Pascal Huyn). Singulièrement libre à l’égard des dogmes, son œuvre témoigne d’une inventivité tout intuitive et d’un savoureux éclectisme qui mêle veine populaire et legs romantique.

À son répertoire, qui couvre tous les genres, figurent notamment trois concertos composés pour trois de ses instruments de prédilection : le Concerto pour violon (1998-99), le Second concerto pour violon, "Scordatura", le Shanghai-concerto pour violon et violoncelle (2007) et le Karl Koop Konzert (2008) pour accordéon, créés respectivement par Noëmi Schindler, Emmanuelle Bertrand et Pascal Contet

Messe un jour ordinaire, œuvre prégnante, sulfureuse et d'une rare violence, pourrait être sa pièce la plus forte avec Scordatura, tout comme sa composition, créée en 2013 par l'Ensemble Ars Nova, pour trois ténors et ensemble de 18 instruments d'après À l'agité du bocal de Louis-Ferdinand Céline.

La réalisatrice Delphine de Blic lui a consacré un portrait filmé “La peau sur la table” (Prix Sacem 2010 du meilleur documentaire musical, Prix Charles Cros 2011) et "le caillou dans la chaussure" sur les polémiques engendrées par sa pièce autour du texte de L.-F. Céline.

 

Bernard Cavanna fut titulaire de la Bourse annuelle de la création (1984), pensionnaire à la Villa Médicis (1985/1986), Prix SACEM de la meilleure création contemporaine (1998), Prix de la Tribune Internationale de l'Unesco en 1999, Victoire de la musique (2000), Grand Prix de la musique de la SACD (2007), Prix International Arthur Honegger (2013), le Grand Prix de la SACEM et dernièrement, en 2023, le Grand Prix du Président de la République de l'Académie Charles Cros.

(Christine Labroche et Virginie Palu)

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